L'aventure extraordinnaire des frères Montgolfier (source
Wikipedia et site de la ville d'Annonay) :
Leur
père, Pierre est papetier, comme son père et son
grand-père. Le moulin est installé à
Vidalon-lès-Annonay, petit bourg de l'Ardèche. La
papeterie a une réputation européenne.
Joseph est
né
le 26 août 1740 à Vidalon-lès-Annonay.
C'est le douzième enfant de Pierre. Son père lui confie,
avec sa sœur Mariane et son frère Augustin-Maurice, la
nouvelle usine de Vidalon-le-bas.
Étienne
est
né le 6 janvier 1745 également à
Vidalon-lès-Annonay, c'est le quinzième. Mais en 1772, le
frère aîné des Montgolfier, Raymond,
décède et son père le rappelle au pays pour
prendre en charge la papeterie.
En 1777, Étienne met au point le premier papier
vélin français.
En 1780, Joseph s'installe à Avignon qui à cette
époque ne fait pas partie de la France, mais dépend du
Pape. De nombreuses imprimeries y sont installées pour
éviter la censure française. La papeterie compte à
cette époque à peu près trois cents ouvriers, ce
qui est un effectif important et les affaires marchent bien.
En novembre 1782, alors que celui-ci est à
Avignon, il fait une première expérience avec une chemise
fermée qu'il regarde monter dans la cheminée, puis avec
un « cube » de taffetas de soie d'un mètre cube
environ qu'il parvint à faire monter au plafond de son logement,
la Maison aux Ballons, n° 18 de la rue Saint-Étienne.De
plus, les frères Montgolfier donnèrent une des
premières séances d'aérostation dans la cour
d'honneur de l'Hôtel particulier des Villeneuve-Martignan,
l'actuel Musée Calvet d'Avignon.
En décembre, les deux frères sont
réunis à Annonay, et la même expérience est
refaite : une enveloppe cubique d'un mètre cube gonflée
par un feu de laine et de paille mouillée s'envole à une
trentaine de mètres d'altitude. Le feu produisait une
épaisse fumée, car ils pensaient, par analogie aux
nuages, que la fumée était la responsable de
l'élévation. Le 14 décembre 1782, ils gonflent
avec de l'air chaud une sphère de 3 m_ qui parvient à
s'envoler elle aussi. Ils décident donc de faire un ballon plus
gros, d'une douzaine de mètres de diamètre. Ils utilisent
de la toile en coton qu'ils doublent avec des feuilles de papier mince,
découpée en fuseaux assemblés ensuite entre eux.
Le poids du ballon était de 225 kg pour 800 m_. Le ballon est
prêt en avril 1783 et quelques essais captifs sont
réalisés. Le 25, le ballon est lâché et
monte à une hauteur estimée de 400 mètres.
Le 4 juin 1783, c'est avec ce ballon qu'ils font une
démonstration aux États particuliers du Vivarais. Il se
serait élevé ce jour-là à 1 000
mètres et se posa 10 minutes après l'envol à 2
kilomètres. Les députés firent un rapport pour
l'Académie des Sciences de Paris. Les deux frères songent
à se faire connaître à Versailles pour obtenir du
financement.
Les expériences à Paris
La nouvelle de l'expérience du 4 juin est
très vite arrivée à Paris. L'Académie
des sciences forma une commission pour réaliser une
démonstration à Paris en participant aux frais. Joseph et
Étienne décident de construire pour cette
expérience un nouveau ballon d'une plus grande taille, 1 000 m3
environ et 450 kg. Le textile de base de l'enveloppe fut encore de la
toile de coton encollée sur ses deux faces avec du papier. Il
est formé de 24 fuseaux, ce qui lui donne une allure biconique
assez allongée de 24 mètres de haut. Il faut deux mois
pour assembler le ballon cousu à la main.
Le premier essai captif a lieu le 11 septembre 1783
dans le parc de l'usine Reveillon. La Commission académique vint
assister le lendemain à une deuxième expérience
toujours avec le ballon captif. L'enveloppe détrempée
à cause de la pluie de la veille se déchire. La
commission ne considère pas que c'est un échec et fixe la
démonstration devant le roi au 19 septembre, soit une semaine
après. Le ballon n'est malheureusement pas réutilisable.
Un nouveau ballon est reconstruit en 5 jours. Et celui-ci fait 1.400
m3, il est néanmoins moins haut, 19 m, moins lourd, 400 kg et un
peu plus sphérique. Il est essayé en vol captif le 18. Il
est nommé Le Reveillon.
Le 19 septembre 1783, c'est donc à
Versailles, devant Louis XVI qu'a lieu la démonstration avec un
mouton, un canard et un coq comme passagers. Ils furent enfermés
dans un panier rond en osier accroché par une corde au ballon.
Une fois lâché, celui-ci monta à une hauteur
estimée de 500 mètres. Handicapé par une
déchirure causée au départ, le ballon vole huit
minutes et parcourt trois kilomètres cinq cents. À
l'atterrissage, Jean-François Pilâtre de Rozier est
accouru. Les animaux sont vivants et bien
portants. Le mouton finit ses jours à la Ménagerie royale
en guise de récompense. L'expérience est un succès
: il est donc possible d'emporter une charge importante et on peut
survivre au séjour en altitude.
Le premier vol d'un être humain :
Inspiré du ballon
précédent, l'aérostat a une forme ovoïde, 13
mètres de diamètre, 21 mètres de haut pour un
volume de 2 200 m3 et une masse de 500 kg. Il fut également
décoré du chiffre du roi sur fond bleu, plus des signes
du zodiaque, des fleurs de lys, etc. Les essais captifs se font dans
les jardins de M. de Réveillon, ce qui fait que la machine est
nommée « Le Réveillon ». Étienne ne
vola pas dans la montgolfière à cause des interdictions
de son père.
Jean-François Pilâtre de Rozier fut
choisi pour les essais suivants (montée à 26
mètres, durée 4 minutes et 25 secondes). La
méthode de chauffage change, la paille sèche est
utilisée qui produit moins de fumée mais est plus
efficace.
Le 19 octobre 1783 a lieu le premier
vol habité
à la Folie Titon, manufacture royale des papiers peints, dans
l'actuelle rue de Montreuil à Paris, faubourg Saint-Antoine. Le
premier vol s'élève à 81 m, avec Pilâtre
seul, et le deuxième à 105 m, avec deux passagers :
Pilâtre et Giroud de Villette (durée 9 min). Ces deux vols
eurent lieu en captif. Il faut un équipier : après
l'essai d'André Giroud de Villette, c'est François
Laurent Marquis d'Arlandes qui sera choisi.
Tout est prêt, mais il manque l'autorisation
du Roi. Il préfèrerait proposer la vie à deux
condamnés à mort volontaires pour l'expérience,
mais finalement se laisse fléchir. Le vol avec humains a lieu le
21 novembre 1783, avec Jean-François Pilâtre de Rozier et
le Marquis d'Arlandes. Le « lâcher tout » est
donné du château de la Muette à Paris, à la
lisière du Bois de Boulogne. Le ballon qui pèse dans les
850 kg s'élève sans problème. Il file vers Paris,
et c'est au-dessus des Tuileries qu'ils atteignent leur altitude
maximale : 1 000 mètres. Puis ils commencent à perdre de
l'altitude en quittant Paris par la barrière d'Italie. Ils
atterrirent sur la Butte aux Cailles, aujourd'hui place Verlaine, dans
le XIIIe arrondissement. La distance parcourue fut de neuf
kilomètres, en vingt-cinq minutes. Le feu fut alimenté
uniquement par le marquis, guidé par Pilâtre qui avait
cassé sa fourche. Le 10 décembre 1783, Joseph et
Étienne furent nommés membres correspondants de
l'Académie des Sciences à titre exceptionnel. Le
père Pierre reçut des titres de noblesse et sa papeterie
devint Manufacture royale, le 15 avril 1784. Les deux frères
eurent donc le titre de chevalier, leur devise étant sic
itur ad astra, « nous irons ainsi jusqu'aux astres ».
La fin de l'histoire :
Étienne revient à Annonay au printemps
1784 pour s'occuper de la papeterie qui, négligée pendant
tout ce temps, se porte assez mal.
Étienne est nommé Membre associé à
l'Académie des sciences en juin 1796. Il continue à
s'intéresser aux ballons et fait construire une
montgolfière par Réveillon à des fins
scientifiques, elle est d'ailleurs utilisée par
Jean-François Pilâtre de Rozier, le 23 juin 1784,
où elle bat un record d'altitude mais ne peut être
récupérée.
Étienne et Joseph, plus leur frère Alexandre, essayent de
178( à 1787 d'obtenir des fonds pour construire un ballon qu'ils
veulent diriger. Mais le projet s'enlise.
Réformateurs, ils ne sont pas inquiétés durant la
Révolution française. Mais ils n'obtiennent pas des
différents gouvernements qui se succèdent alors des
moyens pour développer leur invention. Joseph reçoit la
Légion d'honneur de Napoléon Bonaparte, qui le nomme
administrateur du Conservatoire national des arts et métiers. Il
est reçu à l'Académie des sciences en 1807.
Étienne meurt à Serrières, en Ardèche, le 2
août 1799. Joseph s'installe alors à Paris, et meurt
à Balaruc-les-Bains, lors d'une cure, le 28 juin 1810.